Qu'est-ce qu'on boit ?
Édition Vins du Québec !
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Ça fait un petit moment que je me dis que j'ai envie de faire la promotion du vin québécois avec mon infolettre. C'est cette semaine que ça se passe, mais avant tout, j'ai un édito à vous faire en guise de mise en contexte.
Il y a quelque chose de très spécial qui se passe au Québec, c'est vraiment excitant. Quand j'ai commencé au restaurant Candide, en septembre en 2019, il y avait 7 producteurs de vin du Québec dans le cellier. Sans changer nos critères d'achat, je dénombre dorénavant 25 producteurs.
Malgré tout, quand on regarde la consommation de vin des Québécois, on ne consomme que 1 % de vins d'ici. En comparaison, on consomme 4,5 % de vins d'Australie. C'est à l'autre bout du monde ! C'est un peu en partant de cette donnée que j'ai vraiment eu envie de faire cette infolettre.
La disponibilité
Il y a à peine quelques années, il fallait se mettre une tente devant Pascal le Boucher la veille d'une sortie de Nival, des Pervenches ou de Pinard et filles. Cela dit, avec l'augmentation des producteurs de qualités, combiné avec deux millésimes relativement généreux en volume (2020 et 2021), les vins du Québec de qualité sont pas mal plus faciles à trouver.
Plusieurs boutiques (épiceries, cavistes, cafés, etc.) ont maintenant une belle sélection de vins québécois. Les producteurs qui vendent sur leurs sites ne font plus rupture de stock aussi rapidement qu'avant. Il ne suffit que de s'abonner à leurs infolettres et réseaux sociaux pour ne rien manquer de leurs sorties.
Le prix
J'ai parfois à justifier le prix du vin du Québec auprès de certains consommateurs. D'abord, si on regarde la valeur du foncier, nos terres valent cher ici. Un hectare de vignes plantées et matures vaudrait 9 000 euros dans le Muscadet. En Montérégie-est, un hectare en culture vaut en moyenne 33 000 $, sans vigne plantée et sans palissage.
À cela s'ajoute l'intensité du travail agricole. Au Québec, on compte en moyenne un travailleur à l'hectare en raison de la très courte saison, de l'intensité de la vigueur et des travaux d'hivernisation. Ce ratio de main d'oeuvre est celui qu'on retrouve dans les plus prestigieux domaine bourguignon.
C'est principalement pour ces deux raisons que le vin du Québec est relativement cher. Cela dit, quand on paye une bouteille, pas mal plus d'argent se retrouve dans les poches du producteur que pour une bouteille importée, où vous payez le transport, le taux de change et plusieurs parts de profits que se prennent les différents intermédiaires.
Gardez en tête également que la meilleure façon de payer un bas prix sur le vin du Québec, c'est de l'acheter directement au producteur. Je reconnais que de se déplacer au vignoble ou bien à un point de collecte peut être un frein, mais sachez que d'ici quelques années les producteurs pourront enfin légalement expédier du vin sans avoir à le livrer en main propre. On le demande depuis longtemps, mais les lois changent à la vitesse inversement proportionnelle à laquelle des sommeliers se reconvertissent en apprentis-vignerons dans ce pays.
Il y a toujours en boutique que vous pouvez vous procurer du vin, mais vous paierez alors les marges du détaillant. Cela dit, l'avantage d'acheter à la bouteille est à prendre en considération, en plus de pouvoir discuter avec le personnel sur place pour profiter de conseils.
La piquette
Ce sera l'été de la piquette au Québec ! Plusieurs producteurs en ont produit à l'automne 2022 et la mettront en vente dans les semaines à suivre. Pour la recette, c'est de réhydrater les résidus secs du raisin (marcs) dans de l'eau, puis de les presser à nouveau. Certains y ajoutent un peu de vin fini, d'autres du cidres, d'autres rien pantoute. Certains la vendront pétillante, d'autres non.
Qu'est-ce que ça goûte ? Pour en avoir goûté plusieurs lundi dernier dans une dégustation à la Bauge entre producteurs, c'est assez varié. Ce qui est pourtant assez clair : ce n'est pas du vin. Aucun accord gastronomique ne m'est venu en tête. Par contre, les accords météorologiques sont nombreux : chaleur, soleil, bord de cours d'eau, après-midi, etc. Les taux d'alcool oscillent entre 3 et 7 %. C'est peu cher, c'est simple, c'est parfait quand on a soif, mais ça ne remplacera jamais une bouteille de vin. Tant mieux, c'est une boisson faite à la base pour les travailleurs au champ, alors j'ai l'intention d'en boire pas mal cet été !
D'où vient ma liste
C'est carrément la liste de producteurs avec qui on travaille au Candide. Je ne pense pas que mon père aurait du plaisir avec l'ensemble de ces vins, au même titre que ceux qui chassent les petits jus funky glou glou pourraient y trouver certains producteurs plus "cadrés", mais je pense qu'il y en a pour tous les goûts et je vais tâcher de les décrire pour faire ressortir les grandes lignes du style de chacun et chacune. J'ai mis le lien vers l'infolettre (si existante) de chacun de ces producteurs).
Bonne lecture !
P.S : j'ai pris les photos sans permission en me disant que c'était pour le grand bien des vins du Québec, mais je pourrais potentiellement être poursuivi. Le cas échéant, ce fut un plaisir d'écrire pour vous toutes ces années et au plaisir !
**ASSUREZ-VOUS DE VOUS RENDRE JUSQU'À MA BIOGRAPHIE À LA FIN. CERTAINES PLATEFORMES TRONQUENT LES FINS DE MESSAGE**
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Très-Précieux-Sang
Bécancour, Centre-du-Québec. Bon. On va régler ça en partant avec mon autopromotion. Laurence, Félix et moi travaillons sur un hectare de vignes racheté en 2021. Les vignes avaient été plantées 4 ans auparavant : lucie-kuhlmann, marquette, frontenac blanc et seyval. On a replanté un deuxième hectare au printemps dernier : la crescent, st-pépin, juneau d'or, frontenac blanc et gris, chardonnay. On produit jusqu'à maintenant moins de 5 000 bouteilles par année. Chaque année, les vinifications changeront et donc, les noms de cuvées et les étiquettes de même. On apprivoise nos métiers et nos cépages. On va sortir deux piquettes au printemps surtout en boutique et on va vendre des caisses mixtes au cours de l'été. Nos vins ne sont disponibles pour l'instant qu'au domaine ou au restaurant.
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Soeurs racines
St-Ignace-de-Stanbridge, Estrie. Quand j'ai fait un travail scolaire sur les vins du Québec en 2017 je suis tombé sur le mémoire de maîtrise de Sophie à propos de l'essor de l'industrie viticole du Québec, vraiment riche en information et bien écrit. Elle et Fred, anciennement sommelier, ont acheté une terre en Estrie il y a quelques années et ont vraiment adopté un modèle de polyculture : un gîte, de l'élevage, du maraîchage et of course, du vin. Premier millésime en 2021 avec un peu de cette cuvée de melon de bourgogne (voir photo). En 2022, on verra pas mal plus de bouteilles provenant de chez eux, mais surtout produites à partir des raisins de Hayfield Farm (le projet de David McMillan à St-Armand). Je suis allé goûter les 2022 et j'ai trouvé ça très bon, ça va charmer tout le monde. Ils ont encore quelques caisses mixtes à vendre sur leur site et sinon ça sera pas mal en resto. D'ailleurs, ils ont rédigé une publication assez éclairante sur les problématiques financières liées au démarrage des vignobles québécois, une réalité qui touche tous les projets naissants.
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Clos des Cigales
Ste-Anne-de-Sabrevois, Montérégie. Quand j'ai fait la recherche pour Supernaturel, le nom de Xavier Burini revenait tout le temps. En fait, j'ai appris le vin de beaucoup de gens qui l'ont appris de Xavier, alors qu'il était propriétaire et sommelier des Trois petits bouchons sur St-Denis. On me l'avait décrit comme l'un des meilleurs dégustateurs du Québec. J'étais donc très excité d'apprendre qu'il reprenait le 11e vignoble de l'histoire du Québec, le Vignoble des Pins, à Ste-Anne-de-Sabrevois. Il travaille avec de vieux hybrides et apprend à dompter ses cépages. Il a un grand instinct de vinificateur et déjà ce que j'ai goûté était super. En accord, j'ai charmé des gens de tout horizon avec son rouge Titi rosso, mais je crois que certains vins plus aromatiques s'adressent à un public plus averti (le même commentaire s'applique à Très-Précieux-Sang en passant ;)). Il sort du vin à l'instant, mais il ne vend qu'en boutique et restaurant à prix très très honnête pour que ça finisse sur tablette à prix raisonnable.
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Domaine l'Espiègle
Dunham, Estrie. Saviez-vous qu'à leur première saison dans la Ligue nationale de hockey, les Golden Nights de Las Vegas se sont rendus en finale de la Coupe Stanley ? Et bien c'est un peu la même chose pour l'Espiègle. Leur premier millésime, 2020, a fait beaucoup jaser. Cela dit, c'est pas vraiment surprenant. Zaché Hall a étudié l'œnologie à Montpelier. C'est un jeune homme extrêmement rigoureux, excellent dégustateur et ambitieux. Sa terre est magnifique, orientée est, vers le lac Selby et le mont Pinacle. On y retrouve principalement du chardonnay, pinot noir, pinot meunier, gamaret et gamay. Il commence à produire pas mal de vin, étant donné que de plus en plus de vignes atteignent l'âge de production. Il travaille en lutte raisonnée et fait des vins qu'on peut qualifier de nature, mais je ne pense qu'il les qualifie lui-même ainsi, préférant se tenir loin des étiquettes. Il lui reste un peu de 2021 à vendre directement sur son site. J'ai goûté Aube à l'est 2021 notamment et c'était à se jeter par terre. Ne ratez pas une telle occasion.
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Domaine Polisson
Oka, Outaouais-ish. En partant, je sais qu'Oka est considérée en Laurentides, mais dans un effort de développer des régions de vins, on va le regrouper avec les autres de l'Outaouais (la règle étant, tout ce qui est à l'ouest de Montréal). Hugo Grennon a travaillé comme géologue pendant plusieurs années, mais en faisant son cours de sommellerie, il a développé l'envie de faire pousser de la vigne. Il a longtemps cherché au Québec une terres sur une des rares intrusions alcalines où le PH des sols s'apparenterait à celui des sols riches en calcaire, ce que nous n'avons pas vraiment au Québec. C'est un projet ambitieux : 5 hectares (dont un d'hybrides) plantés d'un coup. Pour se financer, Hugo s'est lancé dans le cidre dès 2019. Trippeux de terroir, il a invité les gars de Lieux communs à planter un hectare en location chez lui en 2021. Le rouge n'est pas pour tout le monde, mais le blanc oui. Il devrait encore y en avoir dans certaines épiceries, mais pas de vente directe jusqu'à maintenant.
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Domaine de l'Heure juste
Papineauville, Outaouais. Ça, c'est pas mal LA découverte underground de l'infolettre d'aujourd'hui. Marc Boily est connu dans le monde du vin, mais pas de la nouvelle génération de sommeliers et sommelières. Un stage chez Étienne Courtois en Loire lors de son cours à l'ITHQ l'a complètement allumé. De type un peu bohème, il s'est promené pas mal dans le monde et a passé pas mal de temps dans les vignes. Pendant quelques années, il travaillait à temps partiel aux Pervenches l'été et a même fait un été au complet. Pendant 8 ans, quand Véro et Mike partaient dans le sud, c'est lui qui venait surveiller et goûter les vins dans la cuverie en hiver. Il a racheté un petit vignoble à l'abandon à l'été 2020. Le seul vin qu'on a vu atterrir sur le marché jusqu'à présent, c'est Prologue 2021, une cofermentation de tous ses raisins. C'est un genre de rosé foncé/rouge léger, fait uniquement à partir d'hybrides. Il travaille en bio non certifié et fait des vins nature. C'est un super dégustateur et pour cette raison, je pense que c'est un domaine à suivre de près. Suivez leur page Facebook pour ne pas rater les sorties en épiceries et restaurants des 2022.
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Maison agricole Joy Hill
Frelishburg, Estrie. Je classe Joy Hill dans les nouveaux, parce qu'on a eu la chance de goûter à deux millésime seulement jusqu'à maintenant, mais ça fait un bon moment qu'on entend parler d'eux, et avec raison ! Julien et Justine ont acheté une terre pour y planter 10 hectares de vignes, un projet assez ambitieux. On était plusieurs excités à voir ce projet naître : Julien Niquet (frère d'Olivier) est fondateur de Glutenberg et co-fondateur d'Oshlag. Ils cultivent plusieurs viniferas : gamay, blaufränkisch, chardonnay, grüner veltliner, gamaret, melon de bourgogne, pinot blanc et riesling. Les vignes sont cultivées en biodynamie et les vins sont nature. L'ensemble des cuvées est assez bien maîtrisé, ce qui fait que je recommanderais leurs vins à pas mal tout le monde.
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Domaine du Nival
St-Louis, Montérégie. Par souci de transparence, Matthieu est pour moi d'abord un mentor, mais au fil des années est devenu un de mes meilleurs amis. Alors il faut prendre ce que je dis avec un grain de sel. C'EST LE PLUS BEAU VIGNOBLE DU QUÉBEC. L'aventure a débuté en 2011 pour Matthieu, Denis, Louise et Fannie. Aujourd'hui, leurs trois hectares de vignes sont en production : pinot noir, gamaret, vidal en majorité, avec un peu d'albariño. Ils travaillent en bio avec un grand souci de la santé des sols et de la biodiversité. C'est au champ qu'ils se réinventent le plus, en tentant de sans cesse s'améliorer. Les cuvées du domaine reviennent pas mal annuellement. Ce sont des vins absolument charmeurs que j'ai souvent vendus au restaurant pour séduire les plus réfractaires au vin québécois. Ils ont une mise en vente d'annoncer le jeudi 13 avril à midi. Inscrivez-vous à leur infolettre dans le bas de leur site internet (voir hyperlien ci-dessus).
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Domaine Bergeville
North Hatley, Estrie. Les champions de la bulle au Québec ! Ève et Marc ont commencé aux alentours de 2010. Convaincus de ressemblances entre leur emplacement et certaines sous-régions de la Champagne, ils ont décidé de se concentrer uniquement sur les bulles. Dans l'offre de vin nature au Québec, on a accès à plusieurs pétillants naturels de grande qualité, mais à très peu de vins effervescents faits en méthode traditionnelle (la même qu'utilisée en Champagne). Ils travaillent en grande majorité avec des hybrides. On en achète beaucoup au restaurant, car ce sont des bulles qui tiennent sur plusieurs jours. Je pense que leur grande rigueur et leur grande pédagogie en font un site d'apprentissage exceptionnel pour la nouvelle génération de producteurs à venir.
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Domaine le Grand St-Charles
St-Paul-d'Abbotsford, Estrie. Martin est bien fier de nous dire qu'il est là où il fait le plus chaud au Québec ! Ils sont en contrefort du mont Yamaska et donc à l'abri des vents dominants, ce qui fait que la chaleur reste pognée dans leur vignoble. Martin et Mylène sont à la base enseignants au secondaire. Ils ont racheté une cidrerie et ses vergers il y a bientôt 20 ans. Quelques années plus tard, ils plantaient leurs premières vignes. Martin a bien pris le temps d'apprendre son métier à la vigne et en cuverie avant de prendre le tournant bio/nature, mais ça s'est fait à partir de 2018. Leurs fils sont intéressés à joindre l'aventure familiale. Vous avez peut-être même été servis par Matis au Mon Lapin ! Ils font des vins qui plaisent à tous et produisent également du cidre. Ils font une vente au vignoble normalement une fin de semaine dans l'été, puis allouent le reste en épiceries et restos par la suite.
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Les Pervenches
Farnham, Estrie. Je veux vous parler de l'importance des Pervenches dans le paysage du vin québécois, puisque les grandes lignes sont maintenant connues de tous (sinon, allez acheter mon livre). Mike et Véro ont pavé la voie à tous les autres producteurs de cette infolettre. Ils sont dans les premiers à avoir converti leur vignoble en bio, mais ils sont surtout ceux qui ont le plus innové, selon moi. Leurs techniques de culture et leurs connaissances de la viticulture québécoise surpassent celles de tous les autres. Tant mieux, parce qu'ils ne se sont jamais gênés de les partager. Si vous saviez combien de gens sont allés donner un coup de main ici et là pour essayer de soutirer 2-3 trucs (en tout cas, je sais que je ne suis pas le seul à l'avoir fait), c'est hallucinant. À ma connaissance, ils ont été les premiers à faire des essais de vinification naturelle. C'est toutefois à partir de 2017 que c'est devenu systématique chez eux. J'aime beaucoup leurs vins, mais j'aime surtout les attendre, notamment sur les chardonnays. Ils font des cuvées parcellaires qui, souvent, sont un peu austères en jeunesse, mais qui procurent dans les plus grandes émotions. Parlez-en aux gens qui sont venus manger du Louis d'Or au Candide en buvant un comparatif de Couchant 2016 et 2017 (!!).
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Pigeon Hill
St-Armand, Estrie. On a pu observer la bonne humeur contagieuse de Manon et de Kevin dans Supernaturel ainsi que dans La Vigne est belle. Ça fait un bon moment déjà qu'ils cultivent la vigne et font du vin. On a vraiment ici un couple d'agriculteurs, qui ont décidé de faire pousser de la vigne plutôt que de la patate et ce, pour notre plus grand bonheur. Jusqu'à tout récemment, ils ne cultivaient que des hybrides, mais ils ont récemment ajouté un peu de pinot noir. Ils ne faisaient également que du rouge (parce que c'est ce qu'ils aiment boire) et n'ajoutaient presque rien (parce qu'ils voulaient pouvoir en boire). Les vins sont bons et je dirais même que les rouges sont dans ceux qui ont le meilleur potentiel de garde au Québec. Ils ne sont qu'au début de l'exploration des vins blancs, donc je ne me prononcerai pas sur ces cuvées, mais pour les rouges, c'est le genre de truc qui plait à tous.
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Pinard et filles
Magog, Estrie + Lanoraie, Lanaudière. Frédéric Simon a été dans les premiers à importer du vin nature au Québec. Il avait de gros noms sur son portfolio, plusieurs qui sont aujourd'hui à la QV ou chez Wino. Sa conjointe, Catherine, est propriétaire du Pullman bar à vin. Ils ont acheté une terre à Magog et éventuellement, ils ont planté des viniferas. Je me souviens très bien de leur arrivée sur le marché du vin québécois : un Vice du jour avec Simon Coutu, un épisode de Curieux Bégin et la cerise sur le sundae, Dave McMillan qui dit en entrevue que c'est la meilleure chose qui est arrivée au vin canadien. Ajoutez à ça les étiquettes de Marc Séguin : LA FOLIE FURIEUSE. Revenons-en à la base. Fred travaille ses viniferas à Magog en bio non certifié et il a développé un partenariat avec un producteur de raisins bios à Lanoraie. Aujourd'hui, c'est un total de 7 hectares (incluant Lanoraie) qu'il cultive. Je suis allé goûter chez lui en décembre et j'ai goûté beaucoup de bonnes affaires. Je pense sincèrement que le meilleur est à venir chez Pinard, alors si vous aimiez déjà ça, ça va faire mal dans les années à venir. Au moins, il y aura du volume !
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Vignoble Camy
St-Bernard-de-Lacolle, Montérégie. Il y autre chose que des boutiques hors taxes à St-Bernard-de-Lacolle ! Fred Tremblay a planté ses premières vignes en 2012. C'est un ingénieur de formation, alors pas besoin de vous dire que "c'est drette" chez Camy ! C'est quelqu'un qui réfléchit beaucoup, toujours dans l'optique de s'améliorer. Il travaille en lutte raisonnée et est peu interventionniste dans la cuverie. Les vinifications sont bien maîtrisées et donc, c'est pas mal un passe-partout pour faire aimer un vin du Québec à quelqu'un de très réfractaire. Y'a jamais rien qui dépasse chez Fred. Son chardonnay réserve est assez boisé en jeunesse, mais j'ai eu le bonheur d'en goûter au Candide alors qu'on les avait volontairement oubliés 12 mois et c'était vraiment excellent.
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Vignoble de la Bauge
Brigham, Estrie. La Bauge, ça fait très longtemps que ça existe. Simon Naud, aujourd'hui à la tête de la ferme, est considéré comme un des pionniers de la viticulture au Québec. C'est son père qui a planté les premières vignes, mais c'est lui qui, à partir des années 90, a pris le projet en main. Quand un amateur de vin me demande où aller déguster, je le réfère toujours à la Bauge, car c'est un des rares à faire du bon vin qui est ouvert au public. Simon a entamé sa conversion vers le bio en 2016. Comme ils ont 10 hectares de vignes, ils produisent pas mal de vin, pour notre plus grand plaisir. Le vent a changé à la Bauge quand Simon a rencontré l'ex-sommelier Steve Beauséjour. Une dégustation sur cuves et fûts a donné envie aux deux hommes de travailler ensemble sur l'élaboration des vins. Cette collaboration a pris le nom des Beaux-Jus, mais représente pas mal l'entièreté de la production aujourd'hui. La progression vers le nature a débuté en 2019 et est maintenant complète. Les vins sont largement distribués en restaurant (Steve a longtemps travaillé chez Rézin, il sait vendre du vin) et en épicerie.
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Charlevoyou
Baie St-Paul, Charlevoix. La Famille Migneron, à Baie-St-Paul, fait de l'excellent fromage, ça, on le savait. Faire du vin, dans un endroit aussi nordique, cela dit, c'était pas gagné d'avance. Pendant longtemps, les vins étaient très travaillés pour contourner les difficultés de faire du vin dans une saison végétative aussi courte. Voilà qu'un changement de génération a amené un vent de fraîcheur et a permis l'embauche de Philippe Juneau, géographe de formation, dans la vigne et en cuverie. Phil est un geak, travaillant, qui se pose vraiment les bonnes questions. Les vignes étaient déjà bio, mais depuis qu'il est là, le travail en cuverie a changé. Je ne pourrais dire que l'ensemble de leurs cuvées sont nature, mais je pense qu'on assiste à une rapide progression dans la qualité des vins, en plus d'être à très bons prix. C'est définitivement un projet à suivre. Coup de coeur pour leur muscat oscéola.
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Ceux qui sortent du cadre
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Ferme le Raku
Kamouraska, Bas-St-Laurent. Je profite de la présentation du Raku pour expliquer cette catégorie de producteurs : projets installés dans des lieux où l'on ne penserait peut-être pas que c'est possible de faire du vin OU que le modèle sort de l'ordinaire. Reprenons sur le Raku maintenant. Oui, vous avez bien lu, fuckin-Kamou-Raska. Samuel Lavoie est d'abord et avant tout un agriculteur immensément curieux. Il a d'abord planté de la vigne pour vendre du raisin de table. Puis, à explorer un peu de vinifications. Puis, à planter de la vigne. Beaucoup de vignes, mais genre surtout, beaucoup de cépages différents. Je ne sais pas si le compte est à jour, mais on parle d'une trentaine de cépages différents, dont plusieurs que personne d'autre ne cultive au Québec : pinot madeleine, müller-thurgau, siegerebbe, etc. Ses vins sont dans les meilleurs que j'ai goûtés (là c'est le moment où je drop le mic). On est quelques-uns à être allé l'aider à tailler en mai dernier et j'ai vraiment découvert en Samuel une personne unique, de qui je me suis lié d'amitié (shout out au passage au travail d'Alex et Françoise que j'aime plus que ma propre vie). BREF, les volumes ont toujours été petits, mais on travaille de mieux en mieux au Raku et je pense que les volumes augmenteront graduellement. Gardez l'œil ouvert.
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Clos Sur-Vivant
St-Charles-de-Bellechasse, Chaudières-Appalaches. Nicolas et Jean-François ont décidé de planter de la vigne sur la terre familiale qui avait l'avantage d'être à leur disposition, mais pour désavantage d'être dans un endroit où il fait crissement frette :). Leurs choix de cépages s'est fait en conséquence, mais ils ont tout de même dû apprendre au fil des ans comment s'assurer que les plants s'épanouissent dans leur environnement. Jean-François vit à Berlin, où il est caviste et importateur de vins nature avec sa compagnie Rocket Wine Berlin. De ce que j'en comprends, comme il boit beaucoup de vins (c'est vraiment un bon dégustateur), il appelle souvent son frère pour jaser d'idées de vinification. Ils explorent donc chaque année de nouvelles façon de travailler les vins. J-F me l'a dit : il n'a pas aimé leur rouge en 2019. Cela ne les empêche pas de continuer de foncer et de constamment se remettre en question. C'est selon le moi le trait de caractère numéro 1 à posséder pour faire du vin en zone extrême.
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Lieux communs
Marché central, Montréal. 250 bouteilles en 2018, des raisins trouvés ici et là, le tout vinifié dans un coin de la cuverie du Grand-St-Charles. C'est un long chemin qui les a menés à maintenant produire environ 30 000 bouteilles en 2022. Guillaume et Daniel étaient sommeliers du restaurant Damas (Daniel l'est toujours), Thibaud y était serveur (en finissant ses études en architecture) et Laurent chauffait des navires sur le St-Laurent. Le vin les unissait et comme plusieurs, il y a 5 ans, ils ont commencé à caresser le rêve de faire du vin au Québec. Acheter du raisin et le vinifier en ville, c'est assez casual en Oregon et en Californie. Mais au Québec, avec le cadre réglementaire (très) rigide que nous avons, c'était pratiquement impossible. Ils ont également planté, en 2021, un hectare de vignes chez Polisson (je l'ai mentionné plus haut). Ils sont vraiment dans l'exploration, expérimentent beaucoup de choses, ce qui fait que les cuvées qu'ils font sont plutôt hétérogènes. Je ne m'aventurerai pas à définir un consommateur type de Lieux communs, parce que je crois qu'il peut y en avoir plusieurs et ça aussi, c'est cool.
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Domaine Feux follets
Berthier-sur-Mer, Chaudières-Appalaches. Projet dont j'ai goûté un seul millésime jusqu'à maintenant, mais qui s'ajoute à la catégorie de ceux qui font du vin dans des régions extrêmes du Québec. Frédéric, géologue de formation, et sa conjointe Sarah, enseignante au collégial, ont démarré leur projet en 2015. Ils cultivent un peu moins de 10 000 vignes, certifiées bio, et font des vinifications naturelles. Les vins sont bien faits, expriment clairement une notion distincte de terroir, et plairont au public averti qui aime les vins avec une acidité tranchante. Comment est-ce possible d'avoir du raisin mûr là où ils sont ? Grâce à leur proximité du fleuve St-Laurent qui leur permet d'étirer la saison à l'automne.
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Domaine Oak Hill
Melbourne, Estrie. Louise Macdonald est venue me faire goûter ses vins à l'été 2020. Tout ce que je savais, c'est que c'était censé être bio et nature, mais je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. J'ai rencontré une personne fort sympathique qui avait vraiment envie d'échanger afin de recueillir les commentaires sur ses premiers vins. Son mari Sylvain et elle-même ont planté un premier hectare sur leur terre il y a quelques années. Ils cultivent différents cépages, mais préfèrent ne pas assembler afin de documenter ce que chacun de leur cépage donne sur leur site. Ils sont en haute altitude et donc l'atteinte de maturité n'est pas un acquis chez eux, ce qui se traduit en de vives acidités. Cela dit, j'ai bien souvent été charmé par le profil aromatique net et charmeur de leurs vins.
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En Roue libre
Hemmingford, Montérégie. Geneviève Thisdel a développé sa passion du vin lors de ses premières vendanges dans le Beaujolais. Quelques années plus tard, elle décide d'aller y faire son BTS viti-oeno, y travaille un temps, démarre sa propre lignées de vin, puis laisse tout ça derrière pour revenir au Québec. Elle travaille maintenant comme régisseuse de culture au Vignoble les Bacchantes. C'est elle qui gère l'ensemble des vignes. Elle avait UNE condition non négociable au moment d'accepter l'emploi : pouvoir prendre un peu de raisins pour faire ses propres vins. Elle a fait ses premiers vins en 2020. Les vignes sont cultivées en bio et les vins sont produits dans un esprit plutôt non-interventionniste. Ce sont de petites quantités que l'on peut trouver en épiceries et restos.
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Fragments
Ripon, Outaouais. Élaine et Georges Archambault arrivaient à la retraite après de carrières bien remplies dans l'industrie du cinéma. Ils se sont mis à chercher une maison à la campagne pour aller y vivre leurs vieux jours. De ce que j'ai compris, ce sont leurs enfants Émile et Alice qui leur ont trouvé ce vignoble à vendre, à Ripon. Ils ont repris en 2018, mais comme il y avait un contrat de location en vigueur, ils ont commencé à produire du vin en plus grande quantité à partir du millésime suivant. Je dis plus grandes quantités, mais ils ont subis une série de gels printaniers qui a retardé le plein envol de leur projet. C'est vraiment le millésime 2021 qui a été plus généreux de leur côté. Ils travaillent en bio et font des vins nature. À noter qu'Émile est un mixologue de grande réputation à Montréal et c'est lui qui dirige les opérations au chai lors des vendanges.
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Qui est Vincentsulfite ?
En 2017, on m'invitait à une dégustation de vins allemands en après-midi. Bien évidemment, j'aimais le vin, mais pas comme aujourd'hui, mettons. J'y ai rencontré celle qui est aujourd'hui ma mentore, ma boss, mais surtout ma meilleure amie, Emily Campeau. À partir de cette rencontre, j'ai commencé à goûter à beaucoup de vins, j'ai lu énormément et j'ai rencontré un paquet de gens formidables. Ça fait donc quatre ans que j'écris chaque semaine sur ce qui rentre à la SAQ avec toujours la même idée : offrir une vitrine à ceux et celles qui produisent du vin d'artisan. Je suis sommelier au Restaurant Candide, sous la direction d'Emily qui gère la carte, j'ai participé au développement du show Supernaturel, disponible sur Évasion, et j'ai écrit un livre portant le même nom, disponible dans toute bonne librairie. Mon prochain projet ? Faire du vin, les vins de Très-Précieux-Sang.
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